Fondation de Qarthadasht en Afrique du Nord – comme problème dans les recherches sur la chronologie de la plus ancienne histoire de Carthage
Автор: Miron Wolny
Журнал: Schole. Философское антиковедение и классическая традиция @classics-nsu-schole
Рубрика: Статьи
Статья в выпуске: 1 т.16, 2022 года.
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L'auteur de l'article tente de relier l'observation des relations économiques et commerciales développées par les Phéniciens dans la partie occidentale de la Méditerranée à une réflexion sur la situation dans laquelle se trouvaient les pays du Levant. On sait qu'à l'époque où la fondation de Carthage peut être hypothétiquement localisée, les centres phéniciens étaient sous pression politique, économique et militaire - principalement de l'Assyrie - bien que d'autres puissances, comme Damas, ne puissent être exclues. D'autre part, cependant, on sait que, par exemple, dans la science allemande l'absence d'acte fondateur de Carthage en Afrique du Nord a été soulignée, et les traces archéologiques laissées sur ce territoire semblent insuffisantes pour concilier les relations littéraires conventionnelles avec l'acte fondateur. de Carthage à la fin du IXe siècle av. L'intention de cet article est de tenter de montrer les enjeux à partir desquels il convient d'envisager la réinterprétation des événements rapportés dans le contexte de la fondation de Carthage. Cette démarche servirait à réviser les connaissances scientifiques existantes sur la chronologie de la fondation de Qarthadasht et pourrait, par conséquent, contribuer à montrer que la fondation de Carthage s'inscrit dans une période postérieure - c'est-à-dire la fin du VIIIe ou le début du VIIe. siècle avant notre ère.
Histoire de Tyr, Colonisation phénicienne, Carthage, Historiographie ancienne, Chronologie de la fondation de Qarthadasht
Короткий адрес: https://sciup.org/147237623
IDR: 147237623 | DOI: 10.25205/1995-4328-2022-16-1-88-99
Текст научной статьи Fondation de Qarthadasht en Afrique du Nord – comme problème dans les recherches sur la chronologie de la plus ancienne histoire de Carthage
Puniques, a conduit a la formation d'un certain nombre de convictions, qui, malheureusement, sont survenues principalement du cote du participant victorieux au conflit,2 perpetuant l'image standard de Carthage en tant que mastodonte sanguinaire dont l'apprivoisement est devenu une necessite historique.3 Cela etait correle a la these sur Carthage en tant qu'Etat au moins aussi ancien que Rome ou meme plus ancien.4 Cette these, en termes generaux, est maintenue a ce jour, ce qui, avec toute l'attention portee aux recherches scientifiques, ne permet pas d'aller au-dela de la convention theorique concernant un tel constat. En plus, comme le resume avec precision W. Huss, declarant que, d'une part, il est substantiellement justifie de s'appuyer sur les donnees provenant de Timee ou de Menandre d'Ephese, et d'autre part, les historiens ne possedent pas de description credible se referant a l'acte fondateur de Carthage.5 Face a une penurie de decouvertes d'une importance historique, cette situation creera toujours une sorte de liberte dans l’etude de la chronologie de la plus ancienne histoire de Carthage. L'intention de cet article est une tentative de determiner les questions sur la base desquelles on devrait considerer la reinterpretation des evenements rapportes comme le contexte de la fondation de Carthage. Cette demarche servirait a reviser les conclusions scientifiques actuelles sur la chronologie de la fondation de Qarthadasht.
La tradition de la navigation forcee par les circonstances de l'existence sur le littoral du Liban s'inscrivait dans la representation complexe des Pheniciens, conservee a la fois par la tradition indigene et par les sources les plus anciennes associees a la tradition de l'antiquite grecque.6 C'est un point important qui permet, dans une certaine mesure, de recreer les grands traits du fonctionnement des Pheniciens dans la structure des voies commerciales, qui ont ensuite ete utilisees par les Grecs.7 Les habitants et les representants des centres pheniciens en developpement progressif,8 en commengant par le plus ancien Byblos, en passant par Sidon, Tyr, Akko et Arados, s’ouvraient a la decouverte de la partie occidentale du bassin de la Mediterranee, nouant lentement des liens avec eux en etablissant des contacts commerciaux. On suppose qu'a partir du Xlle siecle av. J.-C., les relations avec les communautes d'outre-mer commencerent a se developper de fagon de plus en plus intense, ce qui a abouti a l'etablissement de relations entre le
Levant et le royaume de Tarshish (ou Tartessos) situe en Andalousie.g Comme le souligne J. B. Tsirkin, entre le Viiie et le Vie siecle av. J.-C., lorsque la plupart des colonies pheniciennes sont apparues dans le sud de l'Espagne, Tartessos etait une puissance dans cette region. Les Pheniciens avaient des contacts assez etroits avec les habitants de cet empire, ce qui etait implique par le fait que, en raison du pragmatisme existentiel, les deux parties avaient besoin l'une de l'autre. Comme le souligne Tsirkin, les habitants de Tartessos transmettaient aux Pheniciens des produits, qu'ils exportaient ensuite vers l'Orient, et les habitants de Tartessos, grace a la mobilite des Pheniciens, pouvaient avoir acces aux marches inepuisables de l'Orient, ce qui garantissait a l'aristocratie de Tartessos des benefices incommensurables. Castillo de Dona Blanca, situe en face de Gades etait l’exemple d'une telle coexistence.10 La chronologie de la formation de cette colonie est problematique, meme si son apparition des le iXe siecle av. J.-C. ne peut etre exclue.11 Ces relations ont probablement ete l'un des facteurs les plus importants conduisant a l'initiation du mouvement phenicien vers l'Ouest, bien que l'intensification de cette activite ait bien sur ete un processus multifactoriel. L'une des consequences les plus importantes du mouvement vers l'Ouest des Pheniciens fut la fondation de Carthage.12
La fondation par les Pheniciens de Tyr d'une nouvelle colonie en Afrique du Nord ne souleve pas de controverses majeures, meme si dans le processus de fondation de Carthage, il convient egalement de preter attention au role de Chypre.13 Le probleme de la fondation de Carthage a ete examine a maintes reprises dans les recherches scientifiques, et une tentative de proposer une chronologie plus detaillee de l'acte fondateur etait un objectif important de ces actions. ici, le champ des alternatives semble relativement large, car theoriquement elles peuvent etre situees entre le Xiiie et le Viiie siecle av. J.-C., voire le Viie siecle av. J.-C. En pratique, comme le souligne J. B. Tsirkin, Carthage a du etre fondee trois cents ans apres la fondation de Gades,14 dont nous ne pouvons pas situer les origines chronologiquement, remontant bien au-dela du premier millenaire av. J.-C.
Ainsi, le probleme fondamental pour determiner la chronologie de la fondation de Carthage reside dans la recherche de coherence entre les materiaux archeologiques et l’ancienne tradition litteraire. Dans les deux cas, il s'agit d'une g Schulten rgso, 42-44; Blazquez 1g75,272-283; Aubet 1g82,321-324.
Tsirkin 1gg7,243-244.
Moscati 1g8g, 13-15; Tsirkin 1gg7,243.
Carayon 2008,12802g.
Baurain 1g88,15 ff.; Lemaire 2010,55.
image incomplete de la realite, ce qui implique l'elargissement de la sphere theorique du discours scientifique autour de la question de la chronologie de la fondation de Carthage.15 Cela indique que la longue tradition de cette colonie phenicienne, issue de sources litteraires, ne beneficie pas d'un support adequat dans le materiel archeologique.16 Certes, cette situation ne disqualifie pas completement le message historiographique, mais elle provoque une sorte de gene liee aux archives litteraires traditionnelles sur la creation de Carthage.
Selon le message de Trogue-Pompee, repete dans l'muvre de Justinus, le legendaire Dido (Elissa) - la fondatrice de Carthage, devait etre la fille du roi tyrien Pygmalion ( Pygmalione et Elissa jUia ).17 L'utilisation de cet indice a permis de situer en 824 av. J.-C. les evenements lies a l'arrivee de Dido en Afrique du Nord. L'indice recommande est egalement quelque peu coherent avec les informations contenues chez Flavius Josephe, qui parle la septieme annee du regne de Pygmalion,18 ce qui donnerait l'annee 819 av. J.-C. Ces donnees, synchronisees avec la chronologie du regne des rois de Tyr, ont conduit a privilegier dans la science la date de 814 av. J.-C., egalement basee sur les donnees de Timee.19 Cependant, cela ne change rien au fait que la discussion sur ce probleme peut difficilement etre consideree comme achevee, car l'adoption d'une solution basee sur des synchronisations "recherchees", qui ne reposaient que sur des premisses basees sur une trame legendaire, ne semble que partiellement satisfaisante. D'un autre cote, il est comprehensible que l'historien de l'Antiquite soit dans de nombreux cas oblige de recourir a ce type de demarches, en particulier dans les situations ou il y a penurie de preuves autres que les sources litteraires. Cette situation se complique lorsque les sources litteraires a la disposition du chercheur ne sont que la representation d'une tradition qui surgit en dehors de la sphere de l'historiographie. Les situations de ce genre laissent necessairement derriere elles les resultats obtenus dans le domaine theorique, leur permettant parfois de rester longtemps et a l'aise dans les connaissances academiques.
Cela ne change pourtant rien au fait que, dans le cas de Carthage, il s’agit d’un moment historique dans lequel devait commencer le processus de consolidation de l'element phenicien, important sur le plan de la formation de culture en Afrique du Nord, avec des consequences importantes, non seulement pour l'histoire ancienne, mais aussi pour l'histoire universelle. Face a ce fait, ainsi qu’a la possibilite d'autres propositions, il est difficile de laisser dans la categorie d'axiome l'affirmation que Carthage a ete fondee au IXe siecle av. J.-C.20
Un regard global sur le probleme de la colonisation phenicienne qui a abouti a la creation de Carthage laisse l'offre de recherche limitee par des propositions extremes: la plus ancienne, datant du Xllle siecle av. J.-C. qui ne peut etre defendue par la methodologie scientifique traditionnelle et la plus jeune, egalement appelee hypercritique, situee au Vile siecle av.J.-C., ou plus precisement dans les annees 673-663 av. J.-C. que la science moderne a cependant rejete comme trop tardive. Les conclusions de F. Rakob ont probablement egalement ete influencees par l'acquisition de materiel archeologique jusqu'alors inconnu.21 Cette situation, comme le souligne A. Lemaire, a eu un impact majeur sur la reduction des theories hypercritiques, qui pendant un certain temps pouvaient se baser sur la situation d'un deficit d'artefacts archeologiques ( arguant eventuellement de [’absence de restes arcbeologiques arcbaiques ).22 Le probleme, auquel les scientifiques n'ont pas ete en mesure de repondre jusqu'a present, c’est avant tout a quel moment l'action de precolonisation a pris fin et, par consequent, quand a eu lieu la fondation proprement dite de Carthage en tant que comptoir commercial independant. Apres tout, la precolonisation est un phenomene bien connu. Strabon informe, par exemple, sur la reconnaissance du terrain par les Tyriens (тoug 8ё лEрфбЁvтаg xатастxoл^g уаргу) a proximite des colonnes d’Hercule.23 En outre, differents temoignages litteraires sur les activites de precolonisation sont fournis, par exemple, par l' Odyssee , ou dans l'un des extraits24 il y a une mention sur un navire du peuple phenicien habile dans la navigation quoique bien avide transportant diverses marchandises a des fins commerciales:
ev6« 8Ё ФotvlXEg vauoixXuToi ^Xu6ov dv8pEg, трйхта:, рир!’ dyovтEg «бирмата v^T рEХаtv^. ёсхе 8ё латрод Ё^оТо yuv^ Ootvtaa’ Ёvl olxw, хаХ^ те рЕуаХ^ те ха! ауХаа Ёруа !8иТа: т^v 8’ ара ФotvlXEg лoХuлаtлаХol ^лEp6лEuov.
Il ressort clairement de l'extrait cite qu'il s'agit ici d'une expedition dont le but etait la vente immediate de marchandises et en aucun cas cette action ne peut etre combinee avec des engagements visant a s'installer sur un territoire donne. Cette situation semble egalement confirmee par un autre fragment de l'Odyssee,25 qui evoque le sejour annuel des Pheniciens sur le territoire d'ou s'exergait l'activite commerciale - consistant a acheter de nombreuses marchandises:
dXX’ ote 8^ koEX^ v^ug ^/0eto toicti veectSmi, ка! tot’ dp’ dyyEXov ^Kav, од dyyEEXEiE yuvatKt.
Si ces indications renvoient a un certain mecanisme de fonctionnement commun, dont l'essence etait l'activite marchande, alors en dehors des mentions dans les plus anciens rapports litteraires il restaient des traces materielles de cette activite de precolonisation. Il ne peut etre exclu qu'avant la fondation des colonies pheniciennes - y compris Carthage, la pratique du peuple marin ait pu etre une tradition bien plus longue de reconnaissance de terrain, comme le souligne W. Cullican, sur la base des temoignages de Diodore. Neanmoins, ce qui est important, Cullican admet a juste titre que nous ne connaissons pas vraiment les suppositions des auteurs antiques sur la position dominante des Pheniciens a l’Ouest ( But we do not know what presuppositions ancient authors had about Phoenician precedence ).26
Dans un passage plus long sur les origines de l'apparition des Pheniciens en Sicile, Thucydide semble demontrer la connaissance du processus plus long qui a conduit a leur prise de possession d'une partie de l'ile. L'auteur grec, avec son exclusivite inherente, conclut au resultat de ce processus, qui etait l'arrivee de ces barbares en Sicile : ^dp^apoi psv ouv toctoESe ZikeXEmv ка! оитшд WK^aav.27 L'expression de cette pensee est cependant precedee par l'information selon laquelle les Pheniciens ont d'abord occupe les promontoires et les iles adjacentes a la Sicile afin de pouvoir faire du commerce avec les Siciliens. Cependant, comme de plus en plus de Grecs ont commence a arriver par la mer, les Pheniciens ont quitte la plupart de leurs colonies et se sont retires a Motie, Soloeis et Panormos. En consequence, ils se sont retrouves pres des Elims, ou ils se sentaient en securite car ils avaient de bonnes relations avec eux. D'ailleurs, comme en informe plus loin Thucydide, ils se sont retrouves a une courte distance de Carthage: wkouv 8s ка! Ooivikes лЕр! ^doav psv T^v ZikeXEmv акрад te Ёл! т^ 0aXaaa^ dKoXa^ovTEg ка! та ЁлlKEЕ^Eva v^a!8ia Ё^лорЕад evekev т^д лрод тоид ZiKEXoug: ёле[8^ 8S о! "ЕХХ^Ед лоХХо! ката 0aXaaaav ЁлECTЁлЛEоv, ЁкXlл6vтEg та лХеЕш Motu^v ка! ZoXoevtm ка! ndvoppov Ёууид twv TXupwv ^uvоlк^стavтEg ЁvЁ^оvто,
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25 Od . 15.459-460.
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26 Culican 1991,486-492.
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27 Thuc. 6.2.6.
^u^a/Ja те kictuvoi t^ twv ’EXupwv, %al oti evteuSev eXm/i^tov kXouv Kap/^Swv ZixsXJag «лё/ес28 L’enonce oti evteuSev eXm/i^tov kXouv, utilise par Thucydide, fait reference a une route maritime et indique la distance qui peut etre parcourue. Dans le meme temps, il semble decouler du contexte situationnel global que lorsque les Pheniciens se sont installes en Sicile, Carthage existait deja, ce qui serait egalement coherent avec le fait que leur mouvement dans cette direction etait sur le point de commencer au moment ou le mouvement de colonisation grecque a commence ou s'est intensified9 Cependant, il ne peut etre exclu que Thucydide, en ecrivant sur Carthage, voulait parler de l'endroit ou l'Etat existait a son epoque.
La situation ci-dessus semble influencer dans une certaine mesure une vue d’ensemble du materiel archeologique avec lequel les scientifiques auraient voulu prouver la fondation anterieure de Carthage. Par rapport a l'ensemble des agissements de colonisation des Pheniciens en Occident, W. Culican souligne que les conclusions tirees de l'analyse des decouvertes d'artefacts ne sont pas particulierement utiles ici. A titre d'exemple, il cite une statue en bronze de Baal, extraite de la mer au large des cotes de Sciacca, dans le sud-ouest de la Sicile, qui ne serait guere consideree comme une preuve solide de l'installation des Pheniciens en Occident. Cette trouvaille est comparee aux figurines cananeennes de l'age de bronze, ce qui suggere qu'elle a peut-etre parcouru les memes routes le long des voies commerciales myceniennes, par lequelles les vases funeraires chypriotes de l'age de bronze se sont retrouves dans l'est de la Sicile ( could well have come by the same, presumably Mycenaean, channels which. brought Cypriot vases to Bronze Age graves in eastern Sicily ).3 ° En indiquant d'autres exemples potentiels, Culican conclut enfin qu'il n'y a generalement aucune preuve pour reconstruire la totalite des contacts precoloniaux ( the picture of pre-colonial contact, for which, generally there is a remarkable lack of evidence ).31 Cette exemplification est etayee par un certain nombre d'autres donnees archeologiques, ce qui laisse un champ assez large d'alternatives sur le plan de la chronologie concernant la fondation de colonies pheniciennes respectives.32 Pour cette raison, il serait difficile d'exclure Carthage du processus general de precolonisation et de colonisation proprement dite.
Il convient de souligner a cet endroit que l'etablissement des paradigmes des recherches dans le domaine de l'analyse des artefacts et des rapports litteraires sur le mouvement migratoire des Pheniciens devrait egalement etre influence par la tendance averee de ce peuple a souligner sa propre identite. Selon les informations d'Arrian, que nous retrouvons egalement chez Quinte-Curce,33 les habitants de Tyr ont decide de refuser fermement de laisser Alexandre entrer dans la ville alors qu'il avait l'intention de faire des offrandes dans le temple de Melqart. J. B. Tsirkin souligne que ce refus etait en grande partie du a des considerations politiques, mais que des raisons religieuses ne devraient pas non plus etre exclues.34 Cela montre que les Pheniciens avaient une preoccupation profondement enracinee pour leurs propres specificites culturelles. Dans l'ensemble, cela semble egalement eclairer le processus bien prudent d'assimilation des Pheniciens dans la partie occidentale du bassin de la Mediterranee. Au cours de ce processus, un mecanisme a ete developpe pour distinguer des traits clairs de la culture phenicienne, qui en particulier dans son aspect punique, etait soumise au processus relativement tardif d'hellenisation.35 De plus, cette culture a survecu et n'a pas non plus succombe facilement aux influences romaines, ce qui est egalement visible apres les guerres puniques.36 Ainsi, les facteurs de perennite de la culture punique etaient des facteurs internes, pas necessairement dependants de la chronologie plus ou moins longue de l'existence de Carthage. En effet, adopter une perspective historique plus courte de Carthage ne limite en rien la fecondite de son influence, et qui plus est, semble travailler considerablement a son avantage.
Le maintien d'une perspective historique plus courte de Carthage semble resulter non seulement de la perception de la situation dans le bassin de la Mediterranee occidentale (y compris une reflexion sur le materiau d'artefact preserve refletant la vision des relations commerciales en Mediterranee occidentale du IXe au Vile siecle av. J.-C.), mais egalement de l'analyse de la pression exercee sur les Pheniciens par leurs penibles voisins. Dans cet aspect, il serait difficile d'ignorer l'analyse hypercritique qui subordonne l'interpretation des donnees litteraires a l'etendue representative du materiel archeologique, et de plus, renvoie egalement a l'analyse des motifs de dynamisation du mouvement migratoire qui a eu lieu dans les centres pheniciens d’origine. Dans son memoire de synthese, Frezouls a recapitule la theorie qui, grace a la reinterpretation des traditions litteraires, avec l'implication de sources assyriennes, deplace la fondation de Carthage au Vile siecle av. J.-C.37 Ce postulat de recherche etait base sur la theorie avancee par E. 0. Forrer, supposant un champ d'alternatives a la fondation de Carthage entre 673 et 663 av. J.-C.38 Le savant a fonde ses reflexions sur l'analyse des traditions des sources assyriennes, indiquant deux evenements importants de l'histoire de Tyr, sous les regnes d'Assarhadon et d' Ashurbanipal. Le premier etait lie au siege de Tyr par Assarhadon (671/670 av. J.-C.), a la suite duquel, une partie de la famille royale est tombee en captivite assyrienne. Apres le deuxieme blocus de Tyr, rendu effectif apres 666 av. J.-C., le souverain tyrien, Ba'al, a ete livre a Ashurbanipal. Forrer pense donc que les deux filles de Ba'al, Anna et Didon, ont echappe aux Assyriens et ont fui vers l'Ouest. il faut admettre que cette histoire, d'ailleurs, correspond bien a l'image de l'expedition, qui, pour echapper aux Assyriens, devient une expedition vers un lieu lointain et peut-etre deja connu (c'est la que revient le probleme de la precolonisation souleve auparavant). Forrer, de fagon orthodoxe, defend ces evenements comme lies a la premiere fondation de Carthage. il indique que le placement de la fondation de Carthage sous le regne de Pygmalion est errone, car dans ce cas il s'agit probablement du Qarthadasht chypriote,3g c'est-a-dire le Kition conquis par les Tyriens en 814 av. J.-C. Ce qui donne encore plus de piquant a cette histoire c’est le fait que celle dont Virgil Didon se souvient est la fille de Belus (Ba'al) et non de Pygmalion. Cela ne parait pas deraisonable puisque nous trouvons la meme ascendance egalement chez Silius italicus.40 Bien que nous utilisions a nouveau un argument litteraire, il est difficile de trouver ici des contre-arguments totalement convaincants.
Si nous devions rechercher les causes de l'activite de colonisation en lien avec la pression politique, alors les recherches effectuees par A. Lemaire ouvrent une nouvelle porte sur la direction des recherches de l'acte fondateur de Carthage dans les etapes chronologiques plus recentes, car la pression economique et politique de l'Assyrie ne fera qu'augmenter dans les annees suivantes. Ce n'est peut-etre pas une tentative inutile de valoriser des theories plus anciennes et d'essayer de les reconcilier avec les decouvertes faites dans le domaine archeologique. On ne peut pas exclure l’idee que la pression de Hazadl ait declenche le mouvement « d'evacuation » des Pheniciens, les conduisant a travers Chypre jusqu'aux cotes de l'Afrique du Nord, et que les dernieres annees aient permis de verifier la fonctionnalite de cette route afin de terminer ce processus par l'acte de fondation de Carthage, alors qu'il y avait effectivement une pression lancinante de la part de l'Assyrie.
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