Levolution de l’id'ee de l’universalisme linguistique et l’ordre naturel des mots dans la phrase simple en Francais classique

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L’article porte sur l’évolution de l’idée de l’universalisme linguistique et l''ordre naturel des mots dans la phrase simple en français classique du XVI ème au XVIII ème siècle. L’article représente les résultats d’une ample étude diachronique réalisée par l’auteure qui avance, entre autres, l’idée selon laquelle l’évolution de la phrase verbale simple en français classique et le fait de la concurrence de ses deux invariants complètement grammaticalisés, au sein d’une même langue, met en cause l’existence même des structures syntaxiques universelles dites «profondes».

Phrase simple en français classique, ordre naturel des mots, grammaticalisation des structures syntagmatiques, syntagmes et éléments prédicatifs, noyau prédicatif, sujet, prédicat, complément

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Текст научной статьи Levolution de l’id'ee de l’universalisme linguistique et l’ordre naturel des mots dans la phrase simple en Francais classique

L’article porte sur l’évolution de l’idée de l’universalisme linguistique et l'ordre naturel des mots dans la phrase simple en français classique du XVI ème au XVIII ème siècle. L’article représente les résultats d’une ample étude diachronique réalisée par l’auteure qui avance, entre autres, l’idée selon laquelle l’évolution de la phrase verbale simple en français classique et le fait de la concurrence de ses deux invariants complètement grammaticalisés, au sein d’une même langue, met en cause l’existence même des structures syntaxiques universelles dites «profondes».

Mots-clés: phrase simple en français classique, ordre naturel des mots, grammaticalisation des structures syntagmatiques, syntagmes et éléments prédicatifs, noyau prédicatif, sujet, prédicat, complément.

Dans l’ensemble, le problème de l’universalisme linguistique a de très vieilles racines: le débat sur la question de la «justesse des noms», né dans la pensée de la Grèce classique, va de l’Antiquité aux Temps modernes en passant par le Moyen Age – avec la fameuse querelle des universeaux qui oppose les réalistes et les nominalistes – et la Renaissance, tout en restant actuel de nos jours. Depuis le Moyen Age l’universalisme linguistique se traduisait par la présence d’une structure profonde grammaticale (conceptuelle), universelle et commune à toutes les langues car elle est due, comme on le croyait, à l’organisation spécifique et surtout à l’universalité de notre appareil congnitif. Par ailleurs, l’idée généralement admise était que les langues ne diffèrent qu’au plan des formes sonores.

A l’époque moderne la «grammaire universelle» n’a cessé d’attirer l’attention des chercheurs, notamment sur la question des moyens linguistiques utilisés pour expliciter cette structure profonde conceptuelle au sein des langues différentes. Or, l’dée même des structures sous-jacentes innées et inscrites dans nos circuits cérébraux n’a pas beaucoup changé au cours des siècles.

Donc, la langue étant à la fois un produit et un agent constructeur de l’intelligence, le système linguis-tique joue un rôle déterminant dans l’organisation du système cognitif et nul ne saurait contester que les mécanismes universels qui sont propres à tout vivant, y compris l’intelligence humaine, sont propres aussi à la langue. Mais dans quelle mesure? La question reste toujours ouverte, car les travaux de recherche conduits ces dernières décennies sont centrés plutôt sur le problème de la nature des structures dites «profondes»: Sont-elles innées, comme il était traditionnellement accepté, ou bien se forment-elles au fur et à mesure du développement des compétences langagières?

C’est dans le cadre de cette problématique-là que nous avons effectué notre recherche portant sur l’ordre des constituants dans la phrase simple en français classique et ayant pour objectif d’explorer le problème du fonctionnement des deux invariants structurels de la proposition française (S-V-C et S-C-V) dans l’aspect diachronique. Le fait de la coexistence de ces deux invariants complètement grammaticalisés serait, à notre avis, un argument de plus pour mettre en doute l’idée de structures syntaxiques profondes (càd. universelles), tout au moins dans la mesure où elle a été empruntée aux rationnalistes français et développée après par le courant générativiste.

Depuis «Le tretté de la grammère françoise» de L. Meigret et jusqu’à la Grammaire de Port-Royal l’ordre des mots constitue un élément clé dans la théorie de l’universalité du français, voire la supériorité de ce dernier sur les autres langues. Cette théorie n’est pas nouvelle en 1550, elle est le résultat d’une longue évolution qui remonte aux Modistes et à la redécouverte du Corpus d’Aristote. Donc, nombreux sont les auteurs qui, tout au long des XVI–XVII siècles et même plus tard, s’appuient sur le principe par lequel une langue

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Malgré le fait que l’ordre syntaxique S-V-С, qualifié «naturel», est acquis dès le début du XVIIème siècle, le processus de grammaticalisation de l’ordre des mots prend son essor bien plus tôt. Ainsi, au XIVème siècle, les constructions à sujet nul avec le complément antéposé au verbe deviennent moins fréquentes: ...et toute sa viande roial donna as chens... (Asseneth, p. 7) – 1333.

Les cas du sujet postposé ou distancié du prédicat commencent déjà à se raréfier:

Mès al Lacy avynt le pys (Hist. de F.F. Warin, p. 30) – 1317,

Et après s’en retourna le roy Jahan а Paris... (Chr. des Valois, p. 21) – 1370,

E yl , а grant joie, la prist , e la dammoysele ly (Hist. de F.F. Warin, p. 28) – 1317.

Les cas de l’ordre inversé avec le complément en position intercalée sont quasi inexistants:

En l’an mil trois cens cinquante, fut le plain pardon а Romme et tenoit le siege de Romme pape Clément VIeme (Chr. des Valois, p. 18) – 1370.

Vu le peu d’espace dont nous disposons, la place des compléments étant au coeur de notre étude, voici quelques conclusions que nous avons tirées de tout notre corpus de textes des XIV–XVII siècles:

D’après la tradition qui remonte à l’ancien français et en quelque sorte au latin, le terme régi se place toujours devant le réssisant, en vertu de quoi le sujet en français moyen, étant plus autonome du point de vue syntaxique que les autres constituants, se place à droite du verbe (d’où vient son inversion très courante à cette période-là).

En français classique tout comme en français moderne cette tradition n’est plus ce qu’elle était en ancien français, mais on voit bien que ça marche toujours pour les constituants (parties du discours) qui ont conservé leurs indices morphologiques, comme par exemple l’objet pronom personnel ou adverbial. Par conséquent, leur position a été grammaticalisée plus vite (càd. avant le culte de l’ordre «naturel») que celle de l’objet direct nominal qui, syntaxiquement, ne différenciait presque pas des autres constituants nominaux.

Enfin, issu du latin, mais formalisé ensuite en français classique, l’ordre S-C-V se révèle être plus harmonieux dans la mesure où il reflète plutôt la corrélation S-C et pas leur opposition directe.

Références

Список литературы Levolution de l’id'ee de l’universalisme linguistique et l’ordre naturel des mots dans la phrase simple en Francais classique

  • Maupas Ch. Grammaire et syntaxe françoise. Paris, A.Bacot, 1625.
  • Piaget J. La psychologie de l’intelligence. Paris, Armand Colin, 1967.
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